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PORTRAIT

FIDINE NADALE

Quand le talent et le travail se retrouvent, plus besoin de chance comme c’est le cas pour Fidine Nadalè. Artiste dans l’âme dont la plume nous a sorti du feu un Bouillon de thèses, avec une bonne dose d’épice comme le veulent les adeptes de dramaturgie. Fidine Nadalè, femme du Nord Cameroun à découvrir.

De son vrai nom Finanou Dadjéodi Hélène, Fidine Nadalè est une jeune camerounaise originaire de Doukoula Kar-Hay dans la région de l’extrême-nord. Elle est enseignante de français au lycée de Maroua Domayo.
Mariée et mère de plusieurs enfants, cette jeune femme a fait ses études primaires à l’école publique de Doukoula puis à l’école publique de Makary. Ses études secondaires commencent au CES de Makary et se poursuivent au lycée de Kaélé où elle obtient son Bac A4, ce qui la mène à l’université de Ngaoundéré où elle s’en sort nantie d’une maîtrise en Lettres d’expression française (LEF) option Langue française.
En 2005, elle entre à l’École Normale Supérieur (ENS) de Yaoundé où elle obtient un Diplôme de Professeur de l’Enseignement Secondaire 2e grade (DIPES II) et est affectée au CES de Kakataré – Maroua en 2008.
En 2012, elle est nommée censeur au Lycée de Maroua Domayo où elle continue, à cœur joie, de transmettre des savoirs à ses jeunes compatriotes.
Le contact avec les œuvres littéraires qu’elle étudie avec ses élèves au fils des années va aiguiser sa passion pour la littérature et lui inoculer le virus de l’écriture. C’est ainsi qu’elle se lance en 2008 dans l’écriture d’une pièce de théâtre qu’elle intitule « Rien ». Celle-ci sera réajustée plus tard pour devenir Bouillon de thèses qui parait en janvier 2018 aux éditions Auteurs pluriels. Cette œuvre se veut être le cri de révolte de l’auteur contre l’ordre de « rien » c’est-à-dire de l’apathie qui est sous-tendue par la paresse que la jeune écrivaine représente sous le personnage de Tchouwague.
Bouillon de thèses s’ouvre en effet sur Lidanne, le personnage principal en train de préparer un livre. Elle nourrit un rêve, celui d’être un écrivain, ou plutôt une écrivaine. C’est une envie subite, une impulsion qui la met en branle et qui suscite successivement l’amusement, l’étonnement et l’inquiétude de son entourage. Essayant en vain de la décourager, ses amis résignés essaient de comprendre sa démarche et l’inondent de questions. La réponse à ces questions, au lieu de rassurer ses amis, ne contribue à qu’à les plonger davantage dans l’incompréhension.
Face à la volonté d’écrire de Lidanne, Tchouwague, une apparition surnaturelle, tente de la dissuader. Elle surgit dans la chambre de Lidanne lorsqu’elle est seule, et empruntant pour ainsi dire les mots de La Bruyère, elle veut lui faire comprendre que tout a été dit et que nous venons trop tard dans un monde vieux.

Lidanne, têtue, lui annonce qu’elle veut écrire non pas sur TOUT, mais sur RIEN. Si TOUT a été dit, et qu’il ne reste plus RIEN à écrire, c’est donc ce rien qu’il faut écrire. Décontenancée, l’apparition s’éclipse et chaque fois qu’elle reviendra, ce sera pour se buter à la logique nihiliste de Lidanne, qui en héroïne de théâtre, agit, montrant que sa raison d’être est dans l’action et non dans l’inaction dans laquelle veulent la maintenir Tchouwague et la société en général. Lidanne fait sienne la sagesse du chien, énoncée sous forme de proverbe dans la pièce, et qui se résume en ceci : rester assis n’apporte rien à personne. Rien à personne, rien à la société.
Avec Bouillon de thèses Fidine Nadalè signe ainsi son entrée dans le cercle restreint des dramaturges camerounais et des écrivains du Nord Cameroun. Elle est la toute première femme du septentrion à faire dans le genre théâtral.

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