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Les Dowayo et leurs taurins I

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Les Dowayo, ethnie qui compte environ 18 000 représentants, occupent dans la région de Poli cinq cantons : Joumté Manga, Tété (Dowayo-Nord), Godé-Garé, Konglé et Mango (Louggéré-Téré).

Les densités du pays dowayo sont faibles, de 6 à 12 hab./km2 ; le golfe de Poli est la zone la plus peuplée.

On divise traditionnellement les Dowayo en Niyore, Marke et Teere. Les Niyore, ou Dowayo septentrionaux, sont installés entre les mayos Punko au nord et Yelu au sud. Leurs villages s’accrochent aux reliefs de Riga, Nyonrédou, Waltésé et Joumté. Les Marke occupent les piémonts des massifs de Godé et leurs prolongements. Les Teere peuplent les contreforts du cirque de Poli.

Les Dowayo recouvrent deux régions bien différenciées d’un point de vue phytogéographique. Les deux premiers groupes occupent une savane fortement arborée et leur habitat s’est rapidement détaché des collines ou des chaos de blocs rocheux. Les Teere ont colonisé les premières pentes, très savanisées et anthropisées, de puissants reliefs qui culminent à 2 040 m.

Les différents groupes dowayo se disent issus des plaines du Nord et du Nord-Est. Une partie des Dowayo de Godé et Konglé viendrait des rives du Faro ; quant aux Niyoré, leur composante principale aurait pour origine la région de la confluence Bénoué-mayo Kebbi. Ils seraient issus d’un vieux fond de peuplement dit « mango », qui aurait également engendré certaines fractions fali. Certains de nos informateurs voient en eux des Gewe, peuple proche des Fali installé à l’origine sur les bords de la Bénoué. Ils en furent chassés par les Bata, qui colonisèrent les deux rives de la Bénoué et du bas Faro.

Rejetés vers le sud, à l’intérieur des terres, les groupes de paléo-Dowayo cherchèrent à gagner progressivement les reliefs de la région de Poli. Ils durent alors être inféodés aux Ndewe de Koné (à la fin du xviie siècle), et aux Bata de Djoungoum.

Ce refoulement fut encore accentué par l’arrivée de nouveaux conquérants, les Fulbe, à la fin du xviiie siècle. Ces derniers supplantèrent Bata et Ndewe et reprirent à leur compte leur prétention à dominer les Dowayo. Ceux-ci, refusant une nouvelle sujétion, se barricadèrent sur les piémonts des montagnes et des massifs-îles.

Toutefois, les Niyore et les Marke durent composer et payer un tribut au lamidat peul de Touroua. Les Dowayo de Godé acceptèrent la tutelle des Fulbe de Tchamba. Quant aux Teere du golfe de Poli, ils subirent les attaques des Peuls de Tchéboa, qui installèrent temporairement un fort (ribadu), à Poli.

Pendant cette période de repli, la zone de peuplement dowayo continua d’être animée de mouvements browniens qui expliquent les origines très diverses des chefs de village et des propriétaires de corrals. Avec l’administration coloniale allemande, la rivalité des lamidats sur le pays dowayo tourna à l’avantage de Tchéboa. Puis, après l’installation du poste de Poli en 1923, l’administration coloniale française opéra un découpage plus ou moins arbitraire du pays dowayo en groupements.

Les Dowayo furent dénommés « Namchi » ou « Namdji » par les Peuls, appellation qui s’appliquera à leur bétail, les taurins namchi, et que la littérature administrative et vétérinaire a conservée. L’originalité de ce bétail et du rôle qu’il joue chez les Dowayo s’est imposée à tous les observateurs. Chaque administrateur en poste à Garoua ou à Poli l’a remarquée.

Le lieutenant Marchesseau, par exemple, en tournée dans l’Hosséré Godé (juillet 1924) signale : « De Riga à Poli, il y a de belles vaches laitières5sans bosse qui paissent dans de magnifiques pâturages… on trouve de beaux troupeaux de vaches du côté de Herka et du côté de Fignolé et Doué où se trouvent les plus beaux pâturages de la région. » En revanche, dans l’Hosséré Sari et chez les Pape « […] les bœufs sont rares, il y a quelques vaches sans bosses, mais très peu. Tous ces animaux ont souffert il y a deux ans d’une maladie qui a fait de gros ravages ».

En fait, la peste bovine de 1920 a touché l’ensemble de la région, mais les troupeaux ont toujours été moins nombreux chez les Duupa et les Pape que chez les Dowayo, ce qui a frappé l’administrateur.

Le cœur de l’élevage du taurin namchi, où prospéraient les plus gros troupeaux, où s’est exercée avec le plus de raffinement l’intégration du bovin dans la société, avec les parcs les plus structurés, les rituels et les soins les plus complexes, serait situé au nord, chez les Dowayo Niyore et Marke. Les autres auraient puisé chez eux leur modèle. Largement tournés vers la plaine, les Niyore étaient en situation d’emprunteurs, assimilant les nouveautés, techniques de tissage, nouveaux cultigènes, et les rétrocédant « dowayoisées » aux Dowayo des massifs. Aujourd’hui, les Teere, au sud de Poli, apparaissent comme les plus archaïques, comme les tenants des traditions, en raison de l’évolution non synchrone des deux grands ensembles dowayo.

Quant aux Duupa voisins (de Garine, 1998), ils avouent avoir adopté la culture dowayo en matière d’intégration de l’élevage dans la société, à leur contact, par le biais d’échanges de femmes.

Dans ce texte, nous avons cherché à dresser un bilan de l’élevage dowayo au début des années quatre-vingt-dix, et aussi, à travers l’étude de leur constitution, de leur mode de circulation, et de leur finalité, à exposer la nature originale de ces troupeaux. Nous essaierons de répondre à cette question : pourquoi le taurin se révèle-t-il étranger à toute forme d’élevage productiviste ? autrement dit, la composante « sociale » de son élevage laisse-t-elle un avenir au taurin dowayo ?

 

 

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MAROUA ÉVOLUTION HISTORIQUE 3

La Maroua coloniale
Essai de suivi de la population

Lors de son expédition en 1893 dans le Nord-Cameroun (op. cit.), S. PASSARGE (1895) avance le premier chiffre de 60 000 à 70 000 habitants à Maroua. Il en fait la ville la plus peuplée de l’Adamawa, loin devant Ngaoundéré et Garoua qui n’est créditée que de 5 000 âmes.
1893 est l’année de l’arrivée de Rabah au Bornou. Modibo Hayatu, installé dans la région depuis quelques années pour y intriguer, a rallié sa cause. Cette époque troublée a vu Maroua se gonfler d’une population importante de réfugiés. La ville ne semble pourtant se déployer que sur 2,5 km. Les sarés enclos de hauts murs disposent encore de corrals, de jardins, voire de mares ; les densités y sont faibles, même si, en revanche, la main-d’œuvre servile s’entasse dans les zawleeru ou quelques dépendances. Moins de dix ans après, en 1909, O. Zimmermann, compagnon de H. Dominik, le vainqueur de la bataille de Maroua (1902), livre à son tour une estimation de 30 000 habitants. Nous pensons que le chiffre avancé par S. Passarge est surévalué, celui de O. Zimmermann conviendrait mieux.

Sous la colonisation allemande et les débuts du mandat français, on assiste à une récession notable de la population de la ville. Le Rapport annuel de la Circonscription de Maroua de 1919 (ANY/APA 12/033) fait état de 20 000 habitants et estime à 100 000 la population environnante, dans un rayon de cinq kilomètres .
Le chiffre du recensement administratif de novembre 1916 donne 25 000 habitants (ANY/Vt 17/206/B), nombre bien en deçà des estimations des premiers observateurs allemands.

Toutefois, les recensements administratifs opèrent dans un périmètre urbain délimité, alors que l’on ne sait quelle suite de quartiers plus ou moins contigus les estimations antérieures ont bien voulu prendre en compte. D’entrée, l’administration coloniale essaya de trouver une limite au périmètre urbain, notion étrangère de la conception d’un lamidat, où il existe un garre, quartier où réside le chef, et une nébuleuse de quartiers plus ou moins proches.
Ceux-ci n’ont pas une structure et une composition très différentes de celles des villages de brousse.
L’administration créera parallèlement un « Maroua-Environs », qui après 1936, cèdera la place à plusieurs petits lawanats. Le but des recensements administratifs est de déterminer le nombre d’imposables, entraînant une ignorance ou une sous-estimation des femmes seules, des individus âgés, infirmes… Cette sous-estimation est inhérente aux recensements de la période coloniale car, lamidos, lawans et même jawro avaient intérêt à fournir des chiffres inférieurs, afin d’empocher la différence des rentrées fiscales. Les auxiliaires de recensement n’étaient autres que des notables commis par lesdits lamidos et lawans. L’administration fermait les yeux.

Dans les années 1930, ces prélèvements sur l’impôt constituaient une sorte de compensation du manque à gagner de la traite et des opérations de rapine que l’administration s’efforçait d’éliminer.
C’est moins le choc direct de la colonisation qui va vider une partie de la ville que le rôle nouveau qu’elle va attribuer au lamido. Les administrations coloniales agiront ainsi par méconnaissance profonde de l’histoire de Maroua.
Les Allemands, puis les Français aligneront Maroua sur le stéréotype du lamidat que l’administration s’était bâti, en donnant tous les pouvoirs au lamido. L’homme de confiance des Allemands sera L. Abduraamani Suudi (1901-1908). Il régna par la terreur. Il devra mater les religieux, majoritairement acquis au mahdisme, doctrine fortement combattu par le colonisateur (MOHAMMADOU ELDRIDGE, 1976 : 336). Il profitera de l’appui de l’administration pour liquider toute opposition, en particulier celle du kaygamma et de Zokok. L’application de certains principes de l’occupation allemande comme la lutte contre les voleurs va multiplier les exécutions, alors que la traite continue comme par le passé.
Le règne de Lamido Suudi sera la « grande époque » du lamidat de Maroua, (qui annexe Petté, Bogo et Gawar). Lamido Koyranga (1908-09/1914), qui succède à L. Suudi, sera révoqué et remplacé par Lamido Saajo. Avec ce dernier, les Allemands procèdent à un changement de lignées. La répression qui s’abat alors sur la branche aînée et sa clientèle ajoute encore à la confusion. Encore de nos jours à Maroua, la lignée de Sali et celle de Moodi, tous deux fils de Modibo Damagaram, restent concurrentes. Ç’en était fait de l’esprit de liberté de la Maroua précoloniale. Maroua était maintenant à l’image de Mindif, Binder, Bibémi… Avec à sa tête un lamido despote, appuyé par une administration coloniale, au personnel peu nombreux, qui trouvait commode de s’en remettre à lui.

Devant ce pouvoir arbitraire, la population, les grandes familles en particulier, préférèrent quitter Maroua pour leurs fiefs du mayo Boula ou les villages périphériques : Katoual, Kongola, Balaza… Repli qu’elles considéraient comme temporaire.
Elles le firent d’autant plus facilement que les opérations de police coloniale contre les païens rendaient moins dangereuses les campagnes, à l’ouest de Maroua notamment.
La guerre de 1914-1918 ne va pas épargner Maroua et sa région. C’est une période pleine de troubles et d’intrigues. Après un chassé-croisé Allemands/Alliés, le 14 décembre 1914, le lieutenant-colonel Brisset entre à Maroua. Que la ville de 1919 ne compte que 20 000 habitants semble logique. Les gens qui ont quitté Maroua attendent de voir comment va se dérouler la relève française. Elle les confortera dans l’idée de prolonger leur attente : les pouvoirs du lamido sont maintenus par les Français. L’époque de « l’indigénat » va commencer pour ne s’achever qu’en 1945.
Le Rapport du premier trimestre 1926 de la Circonscription de Maroua (ANY/APA 12033) donne une population de 25 000 habitants, le même chiffre avancé en 1916 et que l’on confirmera jusqu’à la fin des années 1930. L’époque 1939-1945 a certainement marqué un pallier dans la croissance de la ville. Toutefois les chiffres évoqués jusqu’en 1954 semblent faibles, pour 1945 : 15 961 (BEAUVILAIN, 1989 : 570) ; 1953 : 16 606 (PRESTAT, 1953) ; 1954 : 17 269 habitants. Faut-il dans le premier cas incriminer une circonscription un peu aléatoire ? l’effort de guerre et la désorganisation des services sanitaires ?
La faiblesse de ces chiffres serait plutôt à mettre au compte de la carence des recensements – De vrais recensements plutôt que des estimations – ou d’une interprétation plus étroite du périmètre urbain ; elle illustre malgré tout une stagnation. Le repeuplement se fera à la fin des années 1950.
La période allemande
Les Allemands n’auront tout d’abord qu’un campement à Dougoy, en marge de la ville, non loin du campement du jawro Baariki, où stationnaient les grosses caravanes. Ils s’installèrent ensuite sur la colline de Modjogomoré. Weyse, le premier résident, fera construire un bâtiment à l’emplacement de la résidence actuelle du gouverneur, ainsi que trois petits bâtiments (prison, bureau, menuiserie) sur le col qui relie Modjogomoré à hosséré Marouaré. Il provoqua un premier déguerpissement d’une partie du quartier Zouloum, puis en contrebas de Modjogomoré, à l’ouest, le vieux quartier Ouro Ardo est déguerpi pour monter le camp des gardes, à l’emplacement de l’Hôpital Central.
À l’est, une partie de Zokok, appelée Mba-gouré (de mbaggure, tambour, en fait un rocher (creux) qui résonnait pour avertir du danger les gens de Maroua), subit le même sort pour bâtir des bureaux, qui seront ceux de la préfecture, puis de la province.
À l’emplacement actuel de la PMI fut mis en place un petit marché : luumel townde qui fonctionnera jusque vers la fin des années 1930.
En face de Zokok, sur la route du sud, il y eut le « bureau des Allemands », près du pont, où se trouve aujourd’hui le bâtiment de Socatour. Les Allemands recevaient là les doléances des populations, exerçaient la justice, rassemblaient ce qui était plus proche d’un tribut que d’un impôt, en particulier le bétail, qui était convoyé à Garoua. Les Allemands étaient peu présents à Maroua qu’ils dirigeaient à partir de Garoua, leur place forte. Peu de quartiers verront le jour durant cette période, excepté Gada Mahol (hors du mur), avec Alhaji Haman Bindir, sous Lamido Saajo. En revanche, le contrecoup de la pacification de la région par les colonnes allemandes entraîna un départ des éleveurs de Maroua, surtout de la ville ouest, Zouloum et Missinguiléo. Ils suivirent le mouvement des Fulbe Sawa éleveurs établis à Doyang Massinika et tout le long des hardés, de Zokok Ladéo à Bilmiti, et qui partirent occuper les no man’s lands des piémonts.
Zouloum était alors un vaste quartier subdivisé en sous-parties dont une était réservée au saarkin saanu.

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PORTRAIT

FIDINE NADALE

Quand le talent et le travail se retrouvent, plus besoin de chance comme c’est le cas pour Fidine Nadalè. Artiste dans l’âme dont la plume nous a sorti du feu un Bouillon de thèses, avec une bonne dose d’épice comme le veulent les adeptes de dramaturgie. Fidine Nadalè, femme du Nord Cameroun à découvrir.

De son vrai nom Finanou Dadjéodi Hélène, Fidine Nadalè est une jeune camerounaise originaire de Doukoula Kar-Hay dans la région de l’extrême-nord. Elle est enseignante de français au lycée de Maroua Domayo.
Mariée et mère de plusieurs enfants, cette jeune femme a fait ses études primaires à l’école publique de Doukoula puis à l’école publique de Makary. Ses études secondaires commencent au CES de Makary et se poursuivent au lycée de Kaélé où elle obtient son Bac A4, ce qui la mène à l’université de Ngaoundéré où elle s’en sort nantie d’une maîtrise en Lettres d’expression française (LEF) option Langue française.
En 2005, elle entre à l’École Normale Supérieur (ENS) de Yaoundé où elle obtient un Diplôme de Professeur de l’Enseignement Secondaire 2e grade (DIPES II) et est affectée au CES de Kakataré – Maroua en 2008.
En 2012, elle est nommée censeur au Lycée de Maroua Domayo où elle continue, à cœur joie, de transmettre des savoirs à ses jeunes compatriotes.
Le contact avec les œuvres littéraires qu’elle étudie avec ses élèves au fils des années va aiguiser sa passion pour la littérature et lui inoculer le virus de l’écriture. C’est ainsi qu’elle se lance en 2008 dans l’écriture d’une pièce de théâtre qu’elle intitule « Rien ». Celle-ci sera réajustée plus tard pour devenir Bouillon de thèses qui parait en janvier 2018 aux éditions Auteurs pluriels. Cette œuvre se veut être le cri de révolte de l’auteur contre l’ordre de « rien » c’est-à-dire de l’apathie qui est sous-tendue par la paresse que la jeune écrivaine représente sous le personnage de Tchouwague.
Bouillon de thèses s’ouvre en effet sur Lidanne, le personnage principal en train de préparer un livre. Elle nourrit un rêve, celui d’être un écrivain, ou plutôt une écrivaine. C’est une envie subite, une impulsion qui la met en branle et qui suscite successivement l’amusement, l’étonnement et l’inquiétude de son entourage. Essayant en vain de la décourager, ses amis résignés essaient de comprendre sa démarche et l’inondent de questions. La réponse à ces questions, au lieu de rassurer ses amis, ne contribue à qu’à les plonger davantage dans l’incompréhension.
Face à la volonté d’écrire de Lidanne, Tchouwague, une apparition surnaturelle, tente de la dissuader. Elle surgit dans la chambre de Lidanne lorsqu’elle est seule, et empruntant pour ainsi dire les mots de La Bruyère, elle veut lui faire comprendre que tout a été dit et que nous venons trop tard dans un monde vieux.

Lidanne, têtue, lui annonce qu’elle veut écrire non pas sur TOUT, mais sur RIEN. Si TOUT a été dit, et qu’il ne reste plus RIEN à écrire, c’est donc ce rien qu’il faut écrire. Décontenancée, l’apparition s’éclipse et chaque fois qu’elle reviendra, ce sera pour se buter à la logique nihiliste de Lidanne, qui en héroïne de théâtre, agit, montrant que sa raison d’être est dans l’action et non dans l’inaction dans laquelle veulent la maintenir Tchouwague et la société en général. Lidanne fait sienne la sagesse du chien, énoncée sous forme de proverbe dans la pièce, et qui se résume en ceci : rester assis n’apporte rien à personne. Rien à personne, rien à la société.
Avec Bouillon de thèses Fidine Nadalè signe ainsi son entrée dans le cercle restreint des dramaturges camerounais et des écrivains du Nord Cameroun. Elle est la toute première femme du septentrion à faire dans le genre théâtral.

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GUMA NA KADA (grand Tam Tam du pays Guidar)

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HISTORIQUE
Le groupe GUMA NA KADA (grand Tam Tam du pays Guidar), est né à la veille de la 1ère édition du festival du peuple Guidar dans la ville de Garoua capital de la région du Nord Cameroun.festival qui s’est déroulé du 3 au 5 novembre 2017 dans la ville de GUIDER.
Cette coopération entre ces deux fils du Mayo-louti (Toumba Alfa badjam dit Alfa BARRY et Bouba DIEUDONNE dit Télé télé, ont fait naitre un album de 06 titres riches d’un mélange inattendu entre Rumba, Makossa, Reggae, le Guma, le Gazanvoula et autres…
Pour bâtir et renforcer la cohésion sociale entre tous les Guidar, le groupe GUMA NA KADA à choisi de se joindre à l’association GUMA ASPROCG : Association pour la sauvegarde et la promotion de la culture Guidar dans le but de pour promouvoir la culture Guidar à sa façon.
L’idée de former un groupe est venue de la complicité entre Alfa et Bouba lors d’une soirée conviviale où ses deux frères se sont rencontrés.

MARWA MAGAZINE : connu dans un registre purement sahélien et là on découvre une autre facette de toi. Alfa Barry Pourquoi un groupe comme Guma Na Kada?
Alfa Barry : le groupe GUMA NA KADA, d’une part pour mon appartenance au peuple Guidar donc je suis fier d’être. Et d’autres parts, je vais du constat tout comme mes aînés que le peuple Guidar est en train de perdre sa langue et abandonné ses pratiques coutumières au détriment d’autres cultures. Donc le groupe vient apporter son soutien à l’association GUMA Asprocg en sensibilisant le peuple Guidar par la musique.
MARWA MAGAZINE : Globalement que dit l’album?
Alfa Barry : Nous appelons tous les Guidar à danser et écouter les différents messages qu’on véhicules.
MARWA MAGAZINE : Alors peux – tu nous résumé ce que véhicule chaque titre? ( Résumé le message de chaque chanson stp)
Alfa Barry :
1- GUMA : nous appelons tous les Guidar à se lever comme un seul homme à l’écoute du guma et venir danser.
2- An ba anamda: Ici chez nous. Nous appelons tous nos frères à vivre ensemble,
3- Wonna kissa: Nous ne respectons plus nos eus et coutumes. Rappelons nous de nos valeurs traditionnelles.
4- Non à la guerre: le Cameroun est un grand pays de pays. Soutenons nos forces de défense.
5- Toumba nawa: chant de joie, de fête.
6- Guezew guezew: Nous mettons en valeur la beauté de la femme Guidar
MARWA MAGAZINE : Quelle observation fais-tu à propos de la culture Guidar aujourd’hui ? Est-elle assez ou pas du tout valoriser? Crois tu qu’elle se meurt à petit feu?
Alfa Barry : Merci beaucoup pour cette question. La culture Guidar est en danger. Cette culture Guidar est en proie à des fractures diverses qui menacent de la disloquer et de la faire disparaître, j’appelle tout les dii na kada à se réveiller, bannir nos différences, bâtir et renforcer la cohésion sociale entre nous comme un seul homme. Cette culture Guidar avait besoin des personnes dynamiques pour poser la première pierre de la valorisation de notre culture. Dieu à entendu les prières de l’ensemble du peuple. Il nous a envoyé les membres fondateurs de l’association GUMA ASPROCG qui nous l’ont créer en novembre 2009. D’ailleurs je dis merci au nom de tous les Guidar du monde aux membres fondateurs du GUMA ASPROCG, aux membres du bureau exécutif actuel autour l’emblématique Docteur DOUFISSA.
MARWA MAGAZINE : Pourquoi avoir choisi juste 06 titres quand on connait le potentiel de la culture Guidar?
Alfa Barry : C’est une première expérience. Nous sommes à notre volume 1. Et d’ailleurs le groupe GUMA NA KADA est un nouveau dans le paysage musical du Cameroun. Nous prenons notre temps pour grandir doucement. N’oublions pas qu’il est à la veille du 1er festival du peuple Guidar.
MARWA MAGAZINE : Ce projet appelle-t-il un autre? Que prévoyez vous pour la continuité? Quel est votre agenda?
Alfa Barry : Bien sûr mon cher, nous préparons immédiatement le deuxième album. Actuellement, nous sommes en campagne vente et dépôt de notre album dans Kada et les autres villes du pays. Ce 28/04, nous participerons au comité de développement de kong kong, la 1ère semaine du mois de mai, nous serons en contact dédicace à Guider, ensuite à partir du mois de juin, nous serons au Tchad (Djamena, Léré, Bongor).
MARWA MAGAZINE : Comment s’est passé la rencontre avec Télé Télé ?
Alfa Barry : Nous nous sommes rencontrés à l’alliance française de GAROUA dans le cadre du projet «le collectif des artistes du Nord». Projet initié par Pierre Barbier ex Directeur de l’Alliance française depuis 2013. Après plusieurs mauvaises connu dans son parcours, il a demandé mon expérience professionnelle pour l’assister en studio comme son directeur. C’est à partir de cet instant que tout à chambouler et nous avons accouché ce merveilleux album.
MARWA MAGAZINE : Nous vous remercions de nous avoir accordé un peu de votre temps et vous souhaitons bon vent.
Alfa Barry : Je vous en prie. Tout le bonheur est le notre et sincères sont nos remerciements envers MARWA MAGAZINE. .

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Les origines de la fête du coq chez les Toupouri

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La fête du coq, comme la plupart des festivals culturels organisés au Cameroun, est l’un des événements les plus importants pour le peuple Toupouri. Depuis des générations, les fils et les filles originaires de cette tribu, se rassemblent pour valoriser leur culture. A chaque manifestation, on compte de nombreux adeptes et visiteurs. Mais quelle est l’origine de cette fête ? Étonnant non, le coq à sa part de fête aussi massa, Noel ne suffisait pas. Aujourd’hui sur Auletch, nous vous emmenons découvrir les origines de cette fête, devenue une tradition pour le peuple Toupouri.
Le peuple Toupouri est d’originaire des départements du Mayo Danay et du Mayo Kani dans la province de l’Extrême-Nord. Avec des ramifications jusqu’au Tchad. Ce sont de véritables guerriers, et en plus de cela de grands cultivateurs reconnus dans toute la zone du nord.
Depuis près de 15 générations, la fête traditionnelle “Feo Kague” (Fête du coq) est célébrée par les Toupouri. Initiée par Wandoré, le chef spirituel qui est considéré comme le symbole, l’incarnation et le garant de la tradition Toupouri. C’est le seul peuple laïc qui vit dans une zone très islamisée.
La célébration de la fête du coq couronne la fin d’année et le début de la nouvelle année dans le calendrier Toupouri. A l’origine, le coq est choisi comme totem par Wandoré, le chef spirituel pour invoquer les esprits : Mo’ope et So’oba. Lesquels représentent respectivement les esprits des ancêtres et des dieux.
Pourquoi avoir choisi le coq ? il est devin, paraît-il qu’il aurait suivi les directives des esprits dit-on. Il utilise le coq pour que ce dernier intercède auprès des esprits, afin que ceux-ci interviennent dans la protection de toutes les familles. Mais aussi pour que la pluie soit plus abondante, le sol plus fertile ; afin que les récoltes soient meilleures. Grand guerrier de son état, lorsque ce dernier allait ou envoyait ses troupes au front, il se soumettait toujours au rituel sacré d’immolation d’un coq pour assurer leur protection.
Le rituel consiste à égorger un coq et le faire tourner deux fois autour du foyer aménagé pour la circonstance avant de le lâcher. Le côté sur lequel se couche le coq après s’être débattu est très important. Sur la gauche, il annonce un malheur, sur la droite, il marque un événement heureux. Réalisé avec succès, ce geste s’accompagne toujours des différentes incantations et d’un message de paix, de dialogue, de réconciliation, et de bonheur. C’est pourquoi chaque génération perpétue cette tradition laissée en héritage par les générations précédentes. Et chaque année, elle est reprise lors du grand rassemblement du peuple Toupouri : la fête du coq. Chaque chef de famille est tenu à y participer avec tous les siens.
Avant le jour prévu pour la fête, Wandoré, le chef spirituel, ou son représentant, passe 30 jours dans sa chambre pour éviter de voir ni le soleil, ni la lune. De nos jours cette responsabilité revient à l’un de ses descendants. Pendant cette période tout le peuple Toupouri observe le carême.
C’est aussi un moment de prise de conscience et de changement de comportement vis-à-vis de son prochain.
Le non- respect de ses consignes, est conditionné par une amende à payer, celle-ci est représentée par un mouton qu’on donne au chef. Au milieu d’une grande cour, des hommes pour la plupart habillés en tenue traditionnelle et d’autres torse-nu, jouent du tam-tam. Au rythme du Gourna et du waiwa, l’un étant un long poème de chants pour dénoncer les maux de la communauté et l’autre une danse spéciale qui est pratiquée après les récoltes, les danseurs démontrent au public leur maitrise de la prestation scénique.
Pendant que le corps s’agite au rythme des chansons, il est aussi arrosé par la consommation du billi-billi (vin de mil) sans lequel la fête perd toute sa signification.
Ce jour de fête, représente aussi la fin de l’initiation pour certains jeunes. Avant la fête proprement dite, les jeunes en âge de garder un pâturage, sont emmenés en dehors du village, pour contrôler les bêtes, si leur retour se passe très bien, ils sont considérés comme majeur. Mais aujourd’hui, celle-ci est remplacée par les luttes traditionnelles ou la maîtrise de la danse waiwa. Après le grand rassemblement, les familles peuvent aller continuer les festivités chez elles. Tout en se donnant rendez-vous pour l’année prochaine…

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